Hommage à Ismet Chériff Vanly
Hommage à Ismet Chériff Vanly
Il y a dix ans, le 9 novembre 2011, l’intellectuel et homme politique kurde de renom Ismet Chériff Vanly est décédé à Lausanne, quelques jours avant son 87ème anniversaire.
À l’occasion du 10ème anniversaire de sa disparition, l’Institut kurde, dont il fut l’un des co-fondateurs, organise une réunion de commémoration
Le samedi 13 novembre 2021 À 16h
Au siège de l’Institut kurde
106, rue La Fayette, F-75010 Paris
M° Poissonnière – Gare du Nord – Gare de l’Est
Au programme
Interventions de :
Hamit BOZARSLAN, professeur à l’EHESS
Ihsan KURT, un proche qui l’a accompagné pendant ses dernières années, président de l’Association pour la promotion du Fonds kurde Ismet Chériff Vanly
Kendal NEZAN
Ismet Chériff Vanly
Ismet Chériff Vanly naquit le 21 novembre 1924. Son père était originaire de Van et sa mère de Diyarbakir, mais sa famille se réfugia en Syrie et il grandit à Damas avant de partir au Liban, puis en France, aux Etats-Unis et en Suisse, étudier le droit et la philosophie. Il passa sa thèse à l’université de Lausanne en sciences politiques, ainsi qu’une maîtrise d’histoire à l’université de Genève, et enseigna les sciences politiques et sociales.
Parlant le francais, l’anglais, l’arabe et le kurde, il joua un rôle actif dans le mouvement de libération kurde. Il fut ainsi le fondateur, avec Noureddin Zaza et Abdul Rahman Ghassemlou de l’Association des étudiants kurdes d’Europe, en 1948, et plus tard du Comité des études kurdes à la Sorbonne. Entre 1961 et 1975, il devint le principal représentant en Europe de la résistance kurde irakienne du général Barzani. À ce titre, il porta la question kurde devant l’ONU, publiant des brochures et de nombreux articles dans la presse internationale, jouant ainsi un rôle éminent dans la médiatisation de la cause kurde en Europe.
Ses activités en ont fait une cible privilégiée pour le régime irakien, dont les émissaires ont, en 1976, attenté à sa vie, à son domicile de Lausanne Voir le journal suisse (TRIBUNE). Munis de passeports diplomatiques irakiens, les auteurs de l’attentat ont pu quitter la Suisse. Grièvement blessé, Ismet Chériff Vanly a pu survivre à l’attentat, avec cependant des séquelles, qui ont amoindri son élocution.
Historien érudit et polémiste redouté, Ismet Chériff Vanly a publié de nombreux ouvrages sur les Kurdes. Parmi eux, sa thèse de doctorat, « Le Kurdistan irakien, entité nationale, étude de la révolution de 1961 » (éd. De La Baconnière, 1970), qui reste une référence incontournable sur la résistance kurde irakienne de 1961-1970 ; ses contributions sur le Kurdistan irakien et les Kurdes de Syrie, dans l’ouvrage collectif « Les Kurdes et le Kurdistan », publié en 1977 à Paris, chez Maspero, et traduit dans une dizaine de langues, son étude sur la dictature du Baath en Syrie, « Le problème kurde en Syrie, un plan pour le génocide d’une minorité nationale » en 1968, édité par le Comité des droits des Kurdes en Europe…
À côté de ces travaux, Ismet Chériff Vanly est resté un militant engagé de la cause kurde. Il fut fondateur du Comité pour les droits des Kurdes en Europe, l’un des co-fondateurs de l’Institut kurde de Paris en 1983 dont il fut aussi membre de son Conseil d’Administration, et de l’Association des juristes kurdes en Europe en 1985, il s’approcha au début des années 1990 de la mouvance du PKK, et il rejoignit en 1995 le Parlement kurde en exil (PKWD) qui devint en 1999, le Congrès national du Kurdistan (KNK) dont il fut le président jusqu’en 2003.
Il s’était ensuite progressivement retiré de la scène politique en raison notamment de sa santé fragile. En septembre 2011, il fut victime d’une hémorragie cérébrale et hospitalisé au CHUV de Lausanne où il est décédé le 9 novembre. Son vœu d’être enterré à Diyarbakir au cœur du Kurdistan de Turquie n’a pu être exaucé faute d’agrément des autorités turques. Le président Barzani avait proposé le rapatriement de sa dépouille au Kurdistan irakien, mais sa famille a préféré qu’il soit enterré dans cette ville de Lausanne où il avait élu domicile depuis 1949 et qu’il aimait tant.
Ses obsèques, célébrées le 16 novembre 2011, avaient rassemblé des personnalités de toutes les régions du Kurdistan, dont le président de l’Institut kurde, Kendal Nezan, le président du Congrès national kurde, le président du PJAK kurde iranien, l’ambassadeur d’Irak en Suisse, le représentant du Gouvernement du Kurdistan en Suisse et une foule de plusieurs centaines de Kurdes venus de plusieurs pays d’Europe, ainsi que des amis suisses de la famille. Le président irakien Jalal Talabani et le président du Kurdistan, Massoud Barzani, avaient tenu à envoyer des messages rendant hommage à la contribution éminente d’Ismet Chériff Vanly à la cause kurde.
Pressentant sa fin prochaine, Ismet Chériff Vanly avait, début 2011, légué ses archives, soit plus de 3500 documents, en sept langues, à la Bibliothèque cantonale universitaire de La Riponne à Lausanne.
Ismet Chériff Vanly avait épousé en 1953 la suissesse Carmen dont il eut un fils Siyamend en 1957, décédé prématurément en 2016.
Interview de Kendal Nezan à un radio suisse.
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